Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

LES USKOKS 121

« Ce n’est point faute d'argent répond Ivo; j'ai de quoi bâtir dix monastères. Si je ne me marie pas, c’est que je suis amoureux d’une Turque, de la ville d'Udbina', Hajka la sœur de Frtsa Ibrahim. À celui qui me la ferait avoir Je donnerai les présents les plus magnifiques. » Komnen le porte-drapeau prend au mot l’amoureux Ivo et les trente compagnons l’engagent à entreprendre avec lui un expédition pour enlever la belle Hajka. Mais en route les compagnons se découragent à la pensée des épreuves qu'ils auront à subir ; ils abandonnent peu à peu Komnen qui pénètre seul dans Ubdina. Il se cache dans la cave d’une auberge ; la femme de l’aubergiste lui enseigne par quelle ruse et sous quel déguisement il pourra pénétrer près de la belle musulmane. Il y réussit et enlève la jeune fille sur son cheval, tue successivement tous les Turcs qui se sont élancés à sa poursuite, s'enfonce dans une forêt, mais la soif l’oblige à s'arrêter. Il découvre uné source. Pour se désaltérer il dépose son fardeau, attache son cheval à un arbre, Hajka à un autre, repousse des Musulmans qui viennent l’attaquer, délivre trente chrétiennes captives qu'il ramène avec lui et revient dans la nuit au château de Senj. Le château est Illuminé. Mais ce n’est pas pour une fête. Ivo a réuni ses compagnons pour célébrer un service funèbre à la mémoire de Komnen qu'il croit déjà perdu. Le héros arrive avec la musulmane qu'il a enlevée et les captives qu'il a délivrées. Le poème se termine par un embrassement général. Il semble vraiment qu’on retrouve dans ces récits tout pénétrés de fantaisie orientale comme un écho des Mille et une Nuits.

Tr. Cette ville, naguère occupée par les Turcs, appartient aujourd’hui à la Croatie.