Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

LE POÈME NATIONAL DU MONTÉNÉGRO

Le Monténégro est aujourd’hui le plus petit des États slaves indépendants. Il n’est peut-être pas celui dont les ambitions sont les plus restreintes, et, s’il a revendiqué un titre qui semble hors de proportion avec ses dimensions actuelles, c’est évidemment qu’il se croit appelé à jouer un rôle considérable dans les destinées de la race serbe et de la Péninsule balkanique.

Son histoire primitive est assez obscure. Elle n’a d’intérêt pour nous qu’à dater du moment où la région des Montagnes Noires est occupée par les Serbes. Sous la dynasiie nationale des Nemanias, vers le douzième siècle, cette région constitue une sorte d’apanage, appelé la Zeta, qui est alloué aux princesses douairières et aux héritiers présomptifs. La Zeta confine d’une part aux Albanais, de l’autre aux peuples romans de la Dalmatie.

Après la mort du tsar Douchan (1355), l'empire serbe qu'il avait constitué se décompose et de 1360 à 1421 on voit apparaître une dynastie locale, celle des Balchides.

On a prétendu qu’elle était apparentée à la maison provençale des Baux, mais cette hypothèse, qui sourirait à notre imagination, n’est appuyée par aucun texte positif. Il est curieux de noter cependant que ces princes appartenaient à la religion catholique : la religion sur laquelle ils régnaient comprenaient les districts de Bar (Antivari), Budva, Skadar (Scutari), Ulcinio. Nous les voyons sans cesse en lutte contre leurs voisins de Serbie, d’Albanie, de Bosnie et contre les Vénitiens, qui auraient mieux fait de s’allier avec eux contre les Turcs. Mais on connaît la devise de la République :

| « Siam Veneziani, poi Cristiani. »