Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

12% SERBES, CROATES ET BULGARES

Dans les guerres qui éclatent entre Venise et la Porte, les indigènes prennent généralement parti pour la République, et même dans certains actes officiels ils se déclarent ses vassaux. Sauf un certain nombre qui ont embrassé l'islam à dater de la fin du dix-septième siècle, ils reconnaissent comme chef réel dela nation le métropolitain. De 1697 à 1851 les quatre prélats qui se succèdent à Tsettinie appartiennent à la famille des Niegoch et constituent de fait, sinon de droit, une sorte de dynastie nationale. Le premier, Daniel Pétrovitch, règne — on peut employer lemot — de 1697 à 1735; le second, Sava Petrovich, neveu du précédent, de 1735 à 1781 : le troisième, Pierre Pétrovich, de 1781 à 1830; le quatrième, — toujours un neveu, — de 1830 à 1851. C’est le poète dont le nom figure en tête de cette étude. À dater.de 1851, le Monténégro est gouverné par un prince laïque.

Pierre le Grand, préoccupé d'assurer la domination de la Russie sur la mer Noire, avait compris tout l’intérét qu'il pouvait y avoir à créer une diversion contre les Tures du côté de l’Adriatique. Informé de l'existence du Monténégro par des Serbes réfugiés dans son empire, il envoya l’un d’entre eux, le colonel Miloradovitch', pour offrir son amitié aux Monténégrins et les appeler aux armes contre l'ennemi commun. Nous n’avons pas ici à retracer l’histoire du Monténégro sous les quatre chefs spirituels dont nous avons tout à l’heure énuméré les noms. C’est sous le règne du premier d’entre eux que se passe l'épisode chanté par le dernier dans le poème qui donne lieu à cette étude, et c’est le poète qu’il convient de présenter à nos lecteurs.

Pierre Petrovitch Niegoch était né en 1811 ou 1813, —

1. C’était un ancêtre du célèbre général Michel Andreevitch Miloradovitch, qui se distingua dans les campagnes contre Napoléon.