Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

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les Brda’. Il n’y avait ni administration commune, ni divisions officielles. L'autorité du vladika était mal établie et peu respectée. Du côté de la Dalmatie, où le gouvernement autrichien avait succédé à Venise, la frontière était insufhsamment délimitée. La Russie s’efforçait de maintenir une suzeraineté diplomatique sur un territoire que, de son côté, la Porte prétendait considérer comme pars annexa.

Suivant la tradition qui subsistait depuis la fin du xvn° siècle, le nouveau souverain devait être un prélat. En 1831, un évêque étranger fut appelé dans le pays et fit du jeune homme un moine, puis un archimandrite. C’est à cette occasion que le néophyte abandonna son nom de Radivoï et prit celui de Pierre II. Il aurait bien voulu aller chercher en Russie la consécration épiscopale qui, suivant la tradition, était indispensable à son prestige. Mais la Russie était alors uniquement préoccupée des affaires de Pologne. D'autre part,

la Turquie, par suite des réformes du sultan Mahmoud II, était dans un état de fermentation qui demandait à être surveillé de près. Le Monténégro devait essayer de profiter de ces circonstances pour élargir son petit domaine, et se donner un peu d’air.

Ne pouvant agrandir son pays, le nouveau souverain s’efforça du moins de l’organiser. Il établit un sénat faisant fonction de tribunal suprème, une gendarmerie et un système provisoire d'impôts pour subvenir aux besoinsles plus urgents du petit État.

En 1833, il put enfin se rendre à Pétersbourg pour recevoir la consécration épiscopale qui lui fut donnée en présence de l’empereur Nicolas. À son retour il fonda à Tsettinie la première école du Monténégro, et ouvrit une imprimerie qui publia son premier volume, L’Ermite de Tsettinie. Cet établissement subsista jusqu’en 1852. Cette année-là, les caractères furent fondus et transformés en balles de fusil ; primo vivere, deinde philosophart.

Ce qui était surtout difficile, c'était d'établir un système

1. Ce mot veut dire : les sommets, les pics.