Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

LE POÈME NATIONAL DU MONTÉNÉGRO 129

pour te remercier, au bout de quelques jours on a imposé à la Dalmatie l'ancien joug de fer.

Et la Dalmatie fait partie de ton banatt, Il est vrai qu'elle ne tient pas à ses frères; mais est-ce sa faute, la pauvre, si elle ne voit pas plus loin que le bout de son nez? Mais maintenant, bon gré, mal gré, il lui faudra compter avec l'Italianisme. Tous les patriotes ont les yeux fixés sur toi, et tendent les mains vers toi, comme vers un Messie envoyé du ciel. Ta mission est grande. Elle va donner une nouvelle face à l'Europe. Elle efface une tache honteuse du visage des glorieux Slaves, qui jusqu'à ce jour n'étaient rien que des serfs lamentables, esclaves des autres nations. Cher Ban! La terre gémit déjà de cette hideuse injustice; les âmes des Slaves qui ont des pensées généreuses sont afiligées d’un tourment éternel. Elles ont honte devant le monde et les hommes à cause de cet état inférieur auquel nous sommes réduits vis-à-vis de nos frères européens. Nous sommes habitués à servir. Nous ne connaissons pas nos forces. Nous nous jetons de nous-mêmes dans les chaînes d'autrui.

À la vérité moi et mon petit peuple nous sommes libres en dépit de la tyrannie et de l'espionnage; mais qu'est-ce que cette liberté quand je vois autour de moi des millions de mes frères qui gémissent dans les chaînes de l'esclavage?

Puisse la Dalmatie tomber dans tes mains pour que nous devenions voisins ! :

J'aurais voulu pouvoir t'envoyer comme auxiliaires quelques Monténégrins.

Nous serons toujours prêts à accourir à ta voix. Rien au monde ne m'a jusqu'ici plus intéressé que ton entreprise et tu m'obligerais infiniment si tu m'honorais plus souvent de tes inappréciables lettres !

Jellacich dut refuser le concours que lui offrait le vladika. On sait comment les espérances des Croates furent décues après la répression de l'insurrection hongroise et le rétablissement de l’ordre dans la monarchie.

2. La Dalmatie en principe fait partie du royaume triunitaire (Croatie, Slavonie, Dalmatie), mais le gouvernement autrichien ne l'y a point rattachée après l’avoir reprise sur les Français. Elle fait encore aujourd’hui partie de la Cisleithanie et envoie ses députés à Vienne.