Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

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Le vladika révait l'émancipation des Croates, l’union du Monténégro avec la Serbie, l’affranchissement de la Bosnie et de l’Herzégovine. Aucun de ces rêves ne s’est encore réalisé. ;

Ses dernières années furent tristes. Une maladie de poitrine l’obligea à chercher à deux reprises différentes quelque repos sous le ciel de l'Italie, plus clément que celui du Monténégro. Il mourut le 19 octobre 1851. Au sommet du mont Lovtchen, d’où l’œil embrasse tout le Monténégro, il avait fait élever une chapelle. C’est là que repose celui qui fut pour cette petite nation un chef vigilant et un poète national.

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Dans son enfance, Pierre Il n'avait reçu de ses maitres, y compris Miloutinovitch, qu’une éducation fort élémentaire. Le maitre lui avait surtout donné des lecons de choses, inspiré l’amour de la race slave et de la poésie. La langue littéraire qu'il lui avait enseignée n’était pas précisément le serbe pur. Elle constituait un mélange hybride de serbe, de slavon et de russe.

Le vladika eut l’occasion d'achever son éducation pendant ses différents séjours à l'étranger, notamment en Russie. Il étudia le français et l’italien. Il se plaisait surtout à la lecture de Lamartine, de Dante, de Pétrarque et de Byron, qu’il lisait dans une traduction ; il connaissait les chants populaires dont la langue est si belle, le souflle épique si élevé, et il s’en est inspiré à diverses reprises.

En dehors des œuvres de son maitre Miloutinovitch, il avait lu les œuvres des poètes qui représentaient alors la nouvelle école encore hésitante entre la pratique de l’idiome populaire et celle du jargon artificiel auquel nous avons fait allusion. Il avait médité la Serbianka de Simov, une sorte de Henriade serbe qui racontait les luttes nationales sous Karageorges, et une autre œuvre du même rimeur, intitulée La Gloire du Monténégro.