Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

+ LA LITTÉRATURE SERBO-CROATE 33

En dehors de la littérature propement dite, ces peuples ont encore gardé une littérature orale de chants épiques qui se transmettent de bouche en bouche comme les bylines de la Russie ou les doumas de l'Ukraine. C’est surtout dans le groupe orthodoxe que l'épopée populaire a persisté. Chez les Serbes et les Bulgares, l’influence du clergé a été moins forte que celle du clergé catholique, plus vigilant, plus soucieux d’exterminer tout ce qui pouvait rappeler les traditions du paganisme. Je n’ai pas l'intention d’insister en ce moment sur cet élément épique qui mérite une sérieuse attention et qui a déjà été chez nous l’objet de travaux détaillés. Je me contente de rappeler ici ceux de MM. Dozon, D’Avril, et le petit volume que j'ai consacré récemment au cycle épique de Marko Kralievitch'. Certains faussaires ont même essayé de fabriquer des chants épiques où l’on aurait retrouvé les premières pages de l’humanité. Mais la falsification a été heureusement éventée.

I. Les SLovènes.

De tous les peuples iougoslaves, les Slovènes sont les plus voisins de nous. Aux époques primitives du christianisme, leur littérature religieuse se confond avec celle de leurs voisins les Croates. C’est la Réforme qui chez eux commence à émanciper la langue nationale, écrasée jusqu’alors par le latin. C’est à Tubingue et à Urach, en Wurtemberg, que s’imprimèrent la seconde moitié du xvr°sièele les premiers textes religieux (catéchisme, Actes des apôtres, traductions de la Bible, etc.). À cette époque héroïque se rattache les noms de’ Truber, d'Ungnade, de Georges Dalmatin, du philologue Bohoriez, qui édita en latin une grammaire slovène, à Wittenberg, en 1584. Dans la préface de

1. Dozon, Poésies populaires serbes (Paris, Leroux). — D’Avril, La Rapsodie de Kossovo (Paris, Leroux). — L. Leger, Le Cycle épique de Marko Kralievitch (Paris, Leroux).

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