Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

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cette grammaire, Bohoriez se plaît à proclamer la grandeur et l’unité de la race slave. « La langue slave, dit-il, est répandue par la plus grande partie du monde, sinon par le monde entier. » La même année, Dalmatin faisait paraître à Wittenberg une traduction intégrale de la Bible : cette publication ne coûta pas moins de 8 000 florins, somme énorme pour le temps. Sur ce total, les États de Carniole fournirent 6 100$ florins, ceux de Siyrie 1000, ceux de Carinthie g00. Dans les pays slovènes, comme en Bohème, la Contre-réformation finit par triompher et anéantit la plupart des livres hérétiques. Mais pour réussir, elle dut employer les mêmes procédés que chez les Tchèques. Il fallut, d’une part, détruire les livres proscrits, de l’autre, écrire des livres catholiques dans la langue nationale. Ce ne fut que vers la fin du xvmrt siècle que le slovène arriva à la vie littéraire, au sens profane du mot. On vit apparaître des almanachs, des essais dramatiques, notamment, en 1700, une adaptation du Mariage de Figaro. La Slovénie (appelons de ce nom l’ensemble des Slaves de la Styrie, de la Carinthie, de la Corniole et de l’Istrie) eut son premier poète dans la personne de Valentin Vodnik, né en 1758, mort en 1819. Il était professeur à Lublania, autrement ditLaybach, lorsque Napoléon vainqueur de l’Autriche, créa en 1809, avec des provinces enlevées à l’empereur François I‘, une Illyrie soumise à la France et administrée par deux gouverneurs résidant l’un à Lublania (Laybach), l’autre à Trieste. Cette Illyrie comprenait l’ensemble des pays slovènes, une partie de la Croatie et de la Dalmatie. Ce nom d’Illyrie, renouvelé de l'antiquité classique, produisit un effet magique. Les pays auxquels il s’appliquait n’ont été peuplés par les Slaves que plusieurs siècles après l’ère chrétienne. Mais il ne manquait pas de patriotes qui se plaisaient à faire remonter leur origine aux périodes les plus lointaines de l’antiquité.

Yodnik, devenu, sous le régime français, inspecteur des écoles et directeur du gymnase de Laybach, fut de cesnombreux Slaves quis’enthousiasmèrent pour Napoléonet virent