Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

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Slaves reprennent en chœur : « Tant que nous vivrons, frères, aimons-nous d’un amour fraternel. »

Ivan Mazuranié (1814-1890), qui a su combler d’une main fort habile les lacunes de l’'Osmanide, a donné une épopée nationale (La mort de Smuil aga) qui a pour objet une épisode de la lutte des Slaves et des Tures et que les Croates considèrent comme un chef-d'œuvre digne de rivaliser avec les plus beaux chants populaires.

A côté de la poésie se développent les autres genres littéraires : Senoa (1838-1881), Tomic et Sandor Gialski sont dans leurs récits et leurs œuvres dramatiques des conteurs délicats de la vie nationale.

Les sciences historiques et philologiques font des progrès remarquables grâce aux instruments de travail que leur fournissent l'Académie sud-slave fondée en 1767 et l'Université ouverte à Agram en 1874. Jene puis insister ici sur les noms des savants ni sur le détail des travaux publiés. Je me contente de rappeler que c’est un Croate, M. Vatroslav Jagié, qui a longtemps occupé la chaire de philologie slave de l'Université de Vienne‘. Parmi les œuvres éditées par l’Académie d’Agram, je mentionnerai seulement le grand Dictionnaire de la langue serbo-croate commencé depuis un quart de siècle. °

La création de cette Académie a été le couronnement de l'œuvre entreprise par les précurseurs du mouvement illyrien. On sait que cette fondation, ainsi que celle de l’'Université d’Agram, est due en grande partie à la libéralité d’un illustre prélat auquel j'ai eu plus d’une fois occasion de rendre hommage, le regretté évèque de Diakovo, Me Strossmayer.

1. M. Jagic a été élu en 1908 correspondant de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.