Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

GEORGES D'ESCLAVONIE 55

latins le chanoine slave a voulu satisfaire la curiosité de quelque confrère français désireux d’avoir une idée de cette langue slave alors si peu connue çn Occident. Ce qui me paraît confirmer cette hypothèse ce sont les textes que nous allons trouver aux feuillets suivants.

Fol. 76. Salutation angélique et symbole des apôtres en caractères glagolitiques avec une transcription en caractères latins. Les caractères glagolitiques sont tracés avec beaucoup de soin et d’une main qui s’est évidemmeut appliquée. M. Dorange avait bien voulu autrefois prendre pour moi des facsimilés de ces deux feuillets. J’en ai conservé un et exposé l’autre au Congrès archéologiqne de Kiev en 1874. IL doit, s’il n’a pas été perdu, figurer aujourd’hui dans les collections de l’Université de Kiev. Il serait, je crois, intéressant de publier ce facsimile.

Fol. 57. Le passage qui suit semble avoir été écrit, soit comme aide-mémoire, soit, ainsi que je le supposais tout à l'heure, pour expliquer à quelque étranger les pays où se pratiquait alors la liturgie slave dite glagolitique. Je transcris en essayant d'interpréter.

Istria eadem patria Chrawat (Il veut dire je crois que l'Istrie est au point de vue de la langue un pays slave comme la Croatie). Primus episcopus Chrawacie qui scit utrumque ydioma, tam latinum quam Chrawaticum et celebrat missam in altero istorum ydiomatum quocumque sibi placet (il s’agit d’un diocèse où la liturgie se célèbre à volonté en latin ou en slavon glagolitique, mais je ne sais quel est cet évêché). On lit ensuite en caractères latins : Pavel dyak z Krbava. Nous reviendrons tout à l’heure sur ce Paul. Digouschanin plemeniti routsanin Krisanits drasecin sin Krbavski. La Krbava, en latin Gorbavia, est une région de la Croatie sur les frontières de la Dalmatie. Elle a eu de 1185 à 1460 un évèché dont le siège était à Udbina. Je ne suis pas assez documenté sur les généalogies et la toponomastique croates pouridentifier les personnages dont il est question iei et sur lesquels leurs compatriotes n’ont peutêtre eux-mêmes aucun document.