Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

LA CULTURE INTELLECTUELLE EN BOSNIE-HERZÉGOVINE 74

encore chez les Croates, dont le latin était la langue politique (Venise, 1747), il écrivit un poème sur l’enfer : Chant sur l'enfer, particulièrement le feu infernal, les ténèbres et l'éternité, d'après le Nouveau et l'Ancien Testament, les Pères et les Docteurs de l'Eglise (Venise, 1727). C'était la première fois que le vers des épopées populaires, le décasyllabique, était appliqué à la poésie chrétienne. Ces épopées populaires l’auteur les connaissait et c'était pour en détourner ses compatriotes qu'il en avait emprunté la métrique :

« C’est, dit-il dans sa préface, une coutume blâmable de chanter un Marko Kralievitch, un Moussa l'Albanais, un Relia le Bosniaque, des expéditions, des rois, des guerriers, la beauté des femmes, le vin rouge. Ne serait-il pas bien mieux de chanter les choses sacrées ? »

Il s'adresse à tous les frères franciscains, à tous les pasteurs des âmes pour les prier de répandre son Enfer. Mais cet Enfer, qu’on nous passe l’expression, ne valait pas le diable ; c'était une énumération de tourments et de supplices décrits dans une langue prosaïque. Il n’eut aueun succès.

Je n’insiste pas sur quelques écrivains de moindre importance. Ce qui résulte très nettement du livre de M. Prohazka, c’est que la littérature catholique n’a pas cessé d’être cultivée chez les Bosniaques catholiques soit par des indigènes, soit par des émigrés. Aucune œuvre n’a pu être imprimée dans le pays : c’est à Venise, à Rome, à Padoue qu'étaient les typographies. En Bosnie, les principaux monastères se trouvaient à Saraïevo, Sutjeska, Fojnica et Kresevo.

IT

L'Herzégovine était particulièrement le foyer de la littérature orthodoxe dont il nous faut dire maintenant quelques mots.