Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

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Miloch Obrenovitch, prince de Serbie, du poète ragusain Medo Pucié, qui fut plus tard le gouverneur du jeune Milan, du futur évêque Strossmayer, du Dalmate Nicolas Tommaseo', qui écrivait d’abord en croate, avant de passer en Italie et de se consacrer entièrement à la cause et à la littérature italiennes, enfin du poète slovène Stanko Vraz, dont nous avons déjà cité plus haut le nom. Quelques-unes de ces lettres renferment des détails d’un haut intérêt. Telle est par exemple celle du prince Miloch Obrenovitch de Serbie. Exilé à Vienne, par une de ces révolutions périodiques qui sont le trait caractéristique de l’histoire serbe au xx° siècle, ce demi-barbare illettré suivait attentivement le mouvement des idées chez les Slaves méridionaux et il faisait écrire à Gaj pour le remercier des services rendus à la cause slave ; en sa qualité de membre de la nation slave, il lui envoyait une subvention de vingt-cinq ducats pour l'ader dans ses entreprises. Un autre prince slave s’intéressait également à l’œuvre de Ga]: c'était le vladika-poète du Monténégro, Pierre Niegoch. Je trouve dans la correspondance à la date du 16 février 1847, une lettre d’un certain Étienne Péjakovitch, lettre qui confirme complètement ce que je dis plus loin des sympathies du vladika pour la nation croate, à propos de Jelaëich : « Le vladika vous salue bien cordialement. Il vous envoie un exemplaire de son drame et huit florins, pour que vous lui adressiez votre Journal à Tsettinié. Il parle de vous avec enthousiasme et j'ai souvent entendu ce faucon de notre nation proclamer que l’on vous doit une louange éternelle, que Ja cause de notre nation est sainte, etc... Vous ne pouvez vous imaginer comme cet homme est passionné pour le progrès et la civilisation. IL déclare que Les appels des Croates ont trouvé de l'écho chez les Monténégrins… Il m'a promis de vous faire envoyer des nouvelles pour votre journal. » À côté de ces lettres des deux souverains sud-slaves, on peut encore citer

1. Tommaseo (en slave Tomasie) a publié en serbo-croate un petit volume intitulé Iskrice (Les Etincelles).