Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

LES ORIGINES DE LA NATION SERBE 3

nationale de la plupart des Serbes. Ils ont à lutter, d’un côté, contre les Byzantins qui considèrent ces intrus comme des vassaux, de l’autre, contre leurs congénères, les -Bulgares, qui sont déjà solidement organisés,

À dater du huitième siècle, nous connaissons les noms d’un certain nombre de princes serbes, noms à physionomie slave, qui n’ont guère d'intérêt que pour les indigènes. Aucun de ceux qui les ont portés n’a laissé une trace considérable dans l’histoire. Au xr° siècle, le centre de gravité des pays serbes est dans la région appelée Dioklitia, qui correspond à peu près au Montenegro actuel. L'un des princes de cette contrée, Michel, Sbtene des Byzantins, vers 1051, le titre de Protospathare, autrement dit de porteglaive, titre honorifique qui fut aussi conféré à des doges de Venise. Ce prince appartenait-il à l’ Église grecque ou à l'É glise latine ? on ne sait. Ce qu'il y a de certain, c’est que, vers 1077, il s’adressa au pape Grégoire VIII pour lui demander le titre de roi, qu'il porte en effet dans les textes occidentaux. Par l’Adriatique, les relations étaient fréquentes avec l'Italie, et la langue serbe, notons-le en passant, a subi plus d’une empreinte italienne. Byzance ne reconnut pas ce titre royal, mais elle accepta le concours du prince serbe et de son fils Bodin: dans ses luttes contre les Normands (1081-1085). Bodin eut fort à faire pour tenir tête tantôt aux Byzantins, tantôt aux chefs serbes qui lui disputaient le principat. Sous ses descendants, le centre de gravité de KÉtat serbe se déplaca en se reportant vers l’Orient dans la région appelée Rasa ou Rachka (dont le cenire est aujourd’hui Novi-Bazar)'. Les Serbes de cette région obéissaient à des] joupans groupés autour d’un grand Joupan (&oytoëravse, uéyas foiraes) qui étaient officiellement vassaux de Byzance, mais qui cherchaient toutes les occasions de lui échapper. La capitale de la région était la ville de Ras, qui s'appelle aujourd’hui Novi-Bazar, dans la

Cette région doit son nom à la Rachka, affluent de la rive gauche de P Ibar.