Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

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Vicille Serbie, laquelle appartenait hier aux Turcs et que les patriotes serbes revendiquent naturellement. C’est du nom de cette ville qu'est venu celui de la Rascia et des Rasciens, en allemand Raizen, qui est parfois donné aux Serbes par les écrivains étrangers. Nous avons déjà expliqué comment, par la mer Adriatique et les villes naguère romaines du littoral, les Serbes s'étaient trouvés en rapport avec la culture italienne lors de la première croisade. Une partie des guerriers européens passa par la Dalmatie, une autre par la vallée de la Morava. L'Occident entra ainsi en rapport avec les Serbes. Ils n’eurent guère qu’à se louer de ces visiteurs qui ravagèrent leur pays et qu'ils durent plus d’une fois contenir ou repousser les armes à la main.

Au début du xu° siècle, les Hongrois annexèrent à leur royaume — par le lien de l’union personnelle — la Dalmatie et la Croatie. Écartés définitivement du littoral adriatique, les Serbes durent diriger vers l'Ouest leur expansion. La province de Rachka (Vieille Serbie) devint le noyau central de leur nationalité. La Bosnie, qui avait fait partie naguère du groupe de la Zeta, c’est-à-dire du Montenegro actuel, s’en détacha et forma un banat” indépendant jusqu'au jour où elle fut en partie occupée par les Hongrois (1535);vet depuis cette époque les rois de Hongrie prirent le titre de rois de Bosnie, titre auquel les événements récents donnent un regain d'actualité. Nous ne savons pas encore aujourd'hui si la Bosnié, récemment annexée par l'empereur Francçois-Joseph, sera considérée comme territoire d’empire ou si elle fera partie de la couronne de Hongrie. La conquête opérée au x siècle n’eut d'ailleurs qu’un caractère éphémère, et dans la seconde moitié de ce siècle, nous voyons la Bosnie gouvernée par des bans indépendants de la Rascie et vassaux de Constantinople.

Le christianisme était venu dans les pays serbes de deux côtés, de Constantinople et de Rome. Isolée de l’Adriatique,

1. Ban, mot slave d’origine incertaine qui désigne un chef d’État. On dit encore le ban de Croatie.