Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE PEINTRE DE MŒURS. 93

Lérudition en même temps que la méchanceté de l’auteur. A l'en croire, les de Luynes, ces trois frères « qui n'avoient qu'un manteau qu'ils portoient tour à tour, lorsqu'ils allotent au Louvre », avaient pour père Honoré Albert, petit avocat de Mornas, dans le Comtat; les ducs de Richelieu descendaient de Vignerot, domestique et joueur de flûte du cardinal de Richelieu, qui consentit à lui donner sa propre sœur en mariage; les La Rochefoucauld. remonteraient à Georges Vert, étalier-boucher; les Villeroy sortiraient d’un marchand de poisson ; les d'Harcourt d'un bâtard d'un évêque de Bayeux; les Gramont devraient leur fortune à Corisande Dandoin, maîtresse du roi Henri [V; les Noailles à celui de leurs ancêtres qui portait les plats chez le comte de Beaufort, Pierre Roger; les Villars auraient pour auteur un greffier de Condrieux qui acheta des lettres de noblesse. Ce pamphlet pourrait être digne d’attention, bien qu'il contienne sans doute des allégations hasardées dont la critique littéraire n'a pas à se porter caution ; seulement, ce que Morande ne nous dit pas, c’est qu’il a copié mot pour mot son Coup d'œil historique sur un mémoire présenté par le Parlement de Paris au Régent, le 12 mars 1716, à l'occasion de la prétention des pairs qui voulaient être salués comme les