Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

114 THEVENEAU DE MORANDE,

dissipations, osa présenter la Du Thé à sa femme.

Nous ne suivrons pas Morande dans ses excursions cyniques à travers les basses régions de la galanterie ou plutôt de la débauche publique. L'apothéose de la noble dame Gourdan, qu’on appelait dans le meilleur monde /a petite comtesse, révolterait le goût délicat du lecteur moderne. Et pourtant cette « surintendante ou grande maîtresse des plaisirs de la cour et de la ville », pour nous servir des quahficatifs que Morande lui adresse, a joué un certain rôle dans l’histoire de son temps. Tous les jours, le lieutenant de police portait au roi Louis XV un extrait du livre de la comtesse : l’idée venait de M#° de Pompadour, et la Du Barry avait soigneusement maintenu cette tradition administrative. Le fait est qu'il se passait des choses bizarres dans cette maison de la comtesse que la Gazette noire décrit avec. minutie, comme le plus merveilleux des édifices historiques. Le Bien-Aimé dut passer un moment agréable, en lisant dans les notes de police l’histoire des relations involontaires de la pauvre M®° d’Oppy avec la Gourdan.

M": d’Oppy était une provinciale, habitant Paris, femme du grand baïlli d’épée de la ville