Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE PEINTRE DE MŒURS. 115

de Douai. Un certain aigrefin, chevalier de Saint-Louis, qui s’entendait avec le chevalier de Gricourt, beau-frère de la victime de cette intrigue, présenta à M°° d’Oppy la petite comtesse comme une femme de la plus haute condition, habituée à recevoir la meilleure compagnie. La femme du grand baïlli, trompée par ces faux renseignements, accepta un souper chez la Gourdan ; mais la police, prévenue par le chevalier de Gricourt, vint aussi au rendezvous et envoya M d’Oppy à Saint-Lazare. De là scandale épouvantable. M. d’Oppy accourt à Paris, dépose une plainte en adultère contre sa naïve moitié et veut la faire enfermer dans un couvent pour la punir de ses imprudences. M"° d'Oppy se dérobe par la fuite aux persécutions de son Othello, et demande à la justice de prononcer la nullité de la plainte en adultère. Au fond, la vraie coupable c'était la petite comtesse, sans oublier les gentilshommes ses complices. Un arrêt la décréta de prise de corps, et la condamna à être promenée sur un âne, la tête tournée vers la queue; mais ses amis du Parlement la prévinrent à temps et elle put se mettre à l'abri ; quant à son mobilier curieux et compliqué, il fut saisi et séquestré. Le gardien ne le montrait plus qu’aux personnes munies d’un permis du président de la