Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE PEINTRE DE MŒURS. 117

scandale qu'on mit à l'amende trente-trois colporteurs, qu'on trouve « l'instruction pour la jeune demoiselle qui entre dans le monde et veut faire fortune avec les charmes qu’elle a recus de la nature »; et autres jolies choses dont la lecture n’est pas encore autorisée dans les pensionnats de demoiselles. Toutes les catégories de débauchés y sont représentées par des spécimens littéraires parfaitement appropriés au caractère de chacun des correspondants : depuis le petit abbé qui, ayant éprouvé certaines inquiétudes de santé pour avoir trop fréquenté les élèves de la petite comtesse, lui écrit : « On a bien raison de dire qu'iln'ya plus de probité, et qu’on ne sait plus à qui se

grand, ajoutent les Mémoires, la mettaient dans le cas de se faire beaucoup d'amis et d’ennemis. » :

Il n’est pas inutile derappeler, à propos de Mme Gourdan, que, d’après l’auteur des Anecdotes sur la comtesse Du Barry, qui tenait ses renseignements de la Gourdan elle-même, la future maîtresse d’un roi fut pendant quelque temps la pensionnaire de la célèbre appareilleuse. La fille du commis Gomart de Vaubernier avait alors environ seize ans et sortait de chez Labille, marchand de modes, où elle portait le nom de Mlle Zancon. Elle se rencontra chez la Gourdan avec son parrain, M. Billard-Dumonceau quifit une scène effroyable à la suite de laquelle la jeune fille n’osa plus rester pensionnaire de la petite comtesse. Mais le comte Du Barry, un peu plus tard, permit à sa protégée de faire plusieurs visites à la Gourdan.