Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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fier », jusqu’à l'épais Allemand qui s'exprime en ces termes galants : « Matame, que la mamzelle soit brune : moi l'aime pas les blondes: l'y avoir la œil considérablement langoureux, au lieu que la brune l'y afre l'œil plein d’amour !. »

Malgré la bassesse de ses goûts, Morande n'était pas un simple naturaliste, pour parler le langage du jour. Faire la biographie, tracer le portrait d'une fille publique et de son aimable entourage, ne lui paraissait pas le comble de Part. Toutefois, c’est évidemment un écrivain ennemi de la périphrase et du convenu.

1. Les Mémoires secrets annoncent le 8 juillet 1783 la publication du Portefeuille de Mme G. On peut consulter sur la Gourdan l’Espion anglais, t. II, p. 136. Morande reproduit dans la Gazette noire la lettre VIII de l'Espion anglais, qui est datée du 11 septembre 1775, et notamment l’histoire de Mme d’Oppy, qui se trouve aussi dans les Mémoires secrets du 20 juin 1776. On peut y joindre la plaisante mésaventure de l’évêque de Tarbes, M. de Lorry, qui avait recueilli dans son carrosse, les prenant pour d’honnêtes femmes, la Gourdan et deux de ses élèves dont la voiture s'était brisée sur la route de Versailles. Mme Du Barry et le roien firent des gorges chaudes et reprochèrent au naïf prélat, par l’intermédiaire du grand aumônier, de donner Pexemple des mauvaises mœurs. « Pourtant, disent avec raison les Mémoires secrets (31 janvier 1770), cette anecdote, qui paroît sûre, fait infiniment d'honneur à M. de Tarbes, dont les confrères n’auroient pas tous également méconnu la célèbre entremetteuse. »