Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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car il ne peut rien faire sans l'approbation d’un comité de six membres, composé, aux termes du règlement du 27 avril 1780, du directeur général, des deux premiers sujets du chant, des deux premiers sujets de la danse et d’un secrétaire. On devine tous les conflits que devait engendrer une pareïlle organisation. Les artistes voulaient se gouverneur euxmêmes et rendaient la vie insupportable au directeur. Le malheureux Dauvergne, qui exerça longtemps ces délicates fonctions, sous l'autorité de l'intendant la Ferté, nous a laissé des notes bien curieuses sur ses administrés des deux sexes. Plusieurs fois, il fallut menacer telle actrice de la prison, si elle refusait de chanter. Par-dessus tout cela, des jalousies violentes, des prétentions incroyables, une avidité sans bornes ; et les ministres, les gentilshommes venant à la traverse, poussant leurs maîtresses, épousant leurs querelles et mettant leur crédit aux pieds des danseuses : un chaos pétillant de gaieté, une avalanche de passions libertines, d’amours-propres en lutte ; un monde factice, éblouissant, plein de parfums suspects, tel était l'Opéra dans les premières années du règne de Louis XVI, au temps où Morande tenait la plume.

C'est principalement dans le Vo/ plus haut,