Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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Nous citerons enfin un autre danseur, contemporain de Vestris et de Dauberval, et qui jouissait aussi d'une grande vogue. C’est Le beau Nivelon, que Dauvergne, dans son rapport au comte de Villedeuil, qualifie de « danseur agréable dans la pantomime ». Nivelon fut, à ce que nous apprend l’auteur anonyme du Vol plus haut”, le héros d’une mystification qui eut pour lui des conséquences assez cuisantes. Le fils de M. de Sartine et M. de Clugny, maître des requêtes, ayant obtenu, chacun de leur côté, un rendez-vous galant avec la Deville chez le suisse du Bois de Boulogne, au restaurant de la Porte-Maillot, commandèrent un souper délicat. A l'heure dite, ils arrivent, se rencontrent et, comme ils se connaissaient, se racontent mutuellement leur bonne fortune. Mais, au lieu de la belle, ce fut M. Amelot, fils du ministre et conseiller au Parlement comme le fils de M. de Sartine, qui fit son entrée chez le suisse. Lui aussi, avait un rendez-vous avec la Deville. Fureur des trois gentilshommes, qui comprennent qu'on les a joués. Ils s’attablent

n'a pas ton cœur, et je l’ai cru ; c'étoit toi que j’adorois dans lui; je l’aimois pour t'aimer deux fois; reste seul et tu me suffiras. » Chron. scand., t. I, p. 2or.

1. On trouve la même anecdote dans les Mémoires secrets (25 août 1780). Mlle Deville est appelée Mlle Ville.