Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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. fait un service sans exemple depuis 1761 qu'elle est entrée à l'Opéra », et la Ferté reconnaît « qu’elle avait beaucoup de zèle et travaillait très bien »; mais l’intendant des menus était jaloux de l'influence que la danseuse avait su acquérir. Il remarque avec une pointe d’aigreur « qu'elle est d’une dépense immense pour l'Opéra, où ses volontés sont suivies avec autant de respect que si elle en était directrice ». Cette fascination s’exerçait même au dehors. Le petit palais que la Guimard s'était fait bâtir à la Chaussée d’Antin servait de rendez-vous à toute la société galante !. Dans cette demeure élégante, qu'on appelait « le temple de Terpsichore » ?, les comédiens français et italiens venaient donner des représentations, en l’honneur de la déesse. L’auteur du Vol plus haut

1. Grimm, dans sa Correspondance (t. IX, p. 2), raconte une fête avortée qui devait avoir lieu chez la Guimard. Cent gentilshommes, entre autres le comte d'Artois et le duc de Chartres, avaient souscrit 5 louis par tête. Mies Du Thé et Dervieux devaient jouer la pièce de la Colonie. Le programme comprenait encore plusieurs pièces de Collé et un souper colossal où était invitée « l'élite de nos jeunes nymphes ». Depuis huit jours, les préparatifs se poursuivaient dans l’hôtel de la Guimard, quand l'archevêque de Paris décida le roi à interdire la fête, le matin même du jour fixé, On distribua aux pauvres les apprêts du souper. Ne aussi Mémoires secrets, 24 février 1776.

>. Voici comment Grimm (t. VIII, p. 167 de la Cor-