Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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senter. » La Guimard ne recevait pas que l’encens de ses camarades. Elle avait des adorateurs plus lucratifs. L’Évêque d'Orléans, M. de Jarente, qui avait la feuille des bénéfices !, affichait pour l'étoile de la danse une passion ardente, C’est ce qui faisait dire à M'* Arnould : « Je ne conçois pas comment ce petit ver à soie est si maigre : il vit sur une si bonne feuille. » Pour se faire pardonner ses amours profanes, la Guimard distribuait aux pauvres d’abondantes aumônes. On la voyait sortir tous les matins, à ce que nous apprend le Vo/ plus haut, « embéguinée dans une coëffe noire avec tout l'attirail d'une dévote consommée ». La Chronique scandaleuse (t. 1°, p. 259) rapporte même que la belle n’accordait son appui qu’à des personnes d’une conduite immaculée. Un jour, on lui annonce un jeune homme qui venait lui demander sa protection pour avoir une place dans les fermes. Elle se soulève sur sa chaise longue et dit à son laquais : « Cet homme a-t-il des mœurs? » M. Grimm douteun

1. C'était un vrai ministre, nommant à tous les postes de l’Église de France. « Peu de prélats, dit l'Espion anglais de Pidansat de Mairobert, ont affiché le scandale avec plus d'éclat... Il avoit pour maîtresse en titre sa propre nièce. » T. I, p. 255. Son secrétaire, Pabbé de Foix, trafiquait impudemment des emplois sacrés,