Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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teur du Vo] plus haut, ïl laisse, bien entendu, de côté les admirables talents de Saint-Huberty et ne s'attache qu’à peindre ses passions et ses vices. « Jamais, dit-il, l'Opéra n’avait fourni l'exemple d'une pareille louve. » Et le libelliste désigne ses amants par leurs noms : Frédéric, Abraham et le Breton; il raconte sa fantaisie pour certain ami de M'° Duverger, ses liaisons avec le marquis de Louvois, avec Rameau et de Deformery, du Concert spirituel. Il cite une épitre, adressée à l'actrice par un de ses prétendus admirateurs avec ce titre amphigourique : « Épiître du très soumis et très respectueux seigneur de la Complaisance à la très aimable et très recherchée de Saint-Huberty, ministre plénipotentiaire de l'Opéra, distribuant les pensions, les gratifications, formant les cabales et les divisions, de concert avec Mie Girardin, et partageant avec cette femme adroite la fatigue des plus fortes entreprises. » C'est en réalité une satire assez fine du xvru° siècle à son déclin, satire qui est bien dans le ton des autres œuvres de Morande. « L’Hymen tourné en ridicule ose à peine se montrer, écrit le pamphlétaire, en s'adressant aux actrices et aux femmes galantes. Vous paraissez publiquement dans les voitures de vos amants; vous portez leurs livrées, leurs couleurs et souvent les diamants de