Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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leurs épouses. Vos petites maisons, faites des débris des grandes, forment par leur nombre, dans les faubourgs de la capitale et sur les boulevards, une espèce d'enceinte de circonvallation qui, la tenant bloquée, vous en assure à jamais l'empire... Oui, mesdemoiselles, vous êtes le véritable luxe nécessaire à un État; l’appât puissant qui lui attire un étranger, sa considération, son goût et ses guinées. Vingt modestes citoyennes valent moins au trésor royal qu'une seule d’entre vous : aussi êtes-vous hors de tous les états, de tous les rangs, et les femmes, par excellence, de tous les hommes !. »

En même temps que Saint-Huberty, d’autres cantatrices qui ont eu leurs moments de gloire figuraient dans la troupe de l'Opéra. On peut nommer d’abord Rosalie Levasseur, qui, en 1784, se trouvait au déclin de sa carrière, prolongée pendant dix-huit ans. La Ferté songeait

1. Quoi qu’en dise Morande, Saint-Huberty n’était pas une vulgaire courtisane. Après 1780, elle épousa le comte d’Antraigues et parcourut la Russie, l’Autriche, l'Italie. Elle reçut du comte de Provence le cordon de Saint-Michel, conspira avec son mari contre Napoléon et mit sur les dents la police de Fouché. Le ministre de l’empereur finit par faire assassiner SaintHuberty et le comte son mari par un de leurs domes= tiques vendu à la police. Ce tragique évènement eut lieu en 1812. Comediante, tragediante!