Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

L'OPÉRA. 147

d'Armide et dans l'Amour et Psy ché (1762), jusqu’à celui de Castor et Pollux ! Les pièces où elle brilla dans toute sa gloire sont notamment : Alphée et Aréthuse, Philémon et Baucis, Vertumne et Pomone, Dardanus et tant d’autres. Au premier concert de l'Opéra dans la salle du Concert spirituel (avril 1763), Sophie Arnould fait presque oublier que sa voix est faible par le charme incomparable de son jeu. « M'° Arnould joue plus qu'elle ne chante, disent les Mémoires secrets; sa voix anéantie n’a pas assez de force pour le lieu; mais elle répare cela par une âme prodigieuse, une expression de geste et d'yeux qu’elle ne peut contenir. » Tous les poètes lui tressent des couronnes. Dorat trace de son salon la plus séduisante peinture :

Chez toi, l’on badine et l’on rit; La gêne y semble insupportable, Et l’on y cache son esprit

Afin d’en être plus aimable. C’est là que sur une ottomane Qu’ombragent de légers festons, D'un vol errant et diaphane Volent les jeux et les baisers.

Jamais reine n'eut plus d’adorateurs. Elle

1. Sophie récompensa Dorat de ses épîtres enflammées en disant de certains ouvrages du poète, assez