Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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de la cour; car Robespierre disait encore : Qu'est-ce que la République !? » Aussi est-ce contre Brissot que Morande a recu l'ordre de diriger les plus violentes invectives. Cette consigne semblait à l'ex-libelliste d'autant plus agréable qu'il avait contre lui des griefs personnels : il lui reproche formellement dans PArgus (n° du 25 août 1701) d’avoir fourni à Manuel les détails peu flatteurs pour le Gazetier cuirassé qui figurent dans la Police dévoilée. Nous verrons tout à l'heure les attaques contre l’homme; voyons d’abord les objections contre

l'idée même de la République. Les inconvénients de ce genre de gouver-

1. Dansson Brissot démasqué, publié en février 1792, sept mois plus tard, Camille Desmoulins constate également que Robespierre et Maratne prenaient pas pour mot d'ordre à cette époque le mot de République. « Était-ce d'une bonne politique, écrit Camille s’adressant à Brissot, lorsque la France avait été décrétée une monarchie, lorsque le nom de république effarouchait les neuf dixièmes de la nation, lorsque ceux qui passaient pour les plus fougueux démocrates, Loustalot, Robespierre, Carra, Fréron, Danton, moi, Marat lui-même, s'étaient interdit de prononcer ce mot; était-il d’une bonne politique à vous, Brissot, d’affecter de vous parer du nom de républicain, de timbrer toutes vos feuilles de ce mot République, de faire croire que telle était l’opinion des jacobins et d'autoriser les calomnies et la haine de tous ses ennemis? »