Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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Journal républicain *. » Morande fait une grande différence entre Brissot, « le chef des bureaux des traîtres à la patrie, l'agent général de tous les ennemis de la chose publique », et Robespierre, Pétion, Prieur, Buzot, Condorcet, qui ne sont que des gens trompés, des naïfs, animés des meilleures intentions, mais pleins d'inexpérience, suivant lui. « Il n’est pas facile, écrit-il, de faire des éloges comme M. Condorcet, de débiter des discours avec autant de bonne grâce que M. de Robespierre, de faire des sermons aussi éloquents que M. Grégoire, mais on peut être moins ignorant qu'eux en politique. » Cependant Robespierre semble au journaliste un peu moins inoffensif que les autres. N'avait-il pas osé demander la mise en accusation du roi, et sa comparution devant la justice ordinaire, à la suite du voyage de Varennes? N'’avait-il pas essayé de prolonger lPagitation, et de soumettre à une discussion approfondie la procédure à suivre dans cette circonstance? Morande croit devoir lui adresser une douce réprimande, comme ferait un pédagogue à un écolier en faute. IL s'étonne que « M. de Robespierre, qui est un grave

1. Ce journal n'eut que quinze numéros. Il avait pour rédacteurs principaux : Condorcet, Thomas Payne et Achille Duchâtel.