Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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de déclarer les biens de l’Église propriété nationale, et il n'y aura plus à revenir sur ce décret. Ainsi le rédacteur de l’Argus patriote reprend, pour sa modeste part, les plans de Mirabeau. Il rêve une sorte de monarchie démocratique, le roi restant toujours le chef du pouvoir exécutif. On voit bien qu’au fond le principal grief de l’ex-gazetier cuirassé contre ceux quil appelle les républicomanes, c’est qu’ils promettent au peuple la Suppression de la liste civile (V. numéro du 14 juillet 1701); or, si la liste civile est supprimée, les pauvres journalistes vont chômer, et adieu les subventions! Mais, les mobiles intéressés de Morande étant connus, il faut bien reconnaître que sa tactique était fort habile, et que la cour eût agi sagement, si elle Pavait prise pour règle de conduite.

En se prononçant contre les brigues des émigrés, en rompant catégoriquement avec les espérances des aristocrates, il se donnait le droit de fulminer contre les Jacobins, contre ce club qui a la prétention de donner des ordres à la représentation nationale et qui réalise sa prétention. Après la journée du Champ de Mars, préparée par les clubs et la presse violente, une grave scission s'était produite au club des Jacobins. Trois cents députés inscrits au club avaient