Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE ET LA RÉVOLUTION. 253

protesté par une démission en masse contre les tendances anti-constitutionnelles de la terrible société; et, sous la direction de Duport, des deux Lameth, de Barnave, s'étaient constitués en club distinct, aux Feuillants. Sept députés seulement restaient aux Jacobins, savoir : Robespierre, Pétion, Grégoire, Buzot, Coroller, Prieur et l'abbé Royer. Morande, avec son intelligence avisée, a immédiatement compris le parti que pouvait tirer le roi de la démonstration des députés constitutionnels. I1 cherche à stimuler la foule passive et molle des honnêtes gens en agitant le spectre de l'anarchie. Ne nous faisons pas d'illusions sur l'avenir, s’écriet-il. « Le calme apparent qui a suivi la crise du Champ de Mars nous annonce probablement de nouveaux orages. » Et il essaie de donner du cœur aux représentants constitutionnels, en même temps qu'il insinue que les puissances étrangères, les ennemies de Ja France, ont des agents aux Jacobins et poussent Le club aux résolutions extrêmes. L'occasion était bien choisie pour abattre les hommes de désordre et de sang. Marat effrayé se cachait dans une cave pour échapper aux mandats d'arrêt. Robespierre faisait voter aux J acobins des adresses pleines de déférence pour l’Assemblée Constituante. Mais c'est en vain que l’habile journa-

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