Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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liste manœuvre pour couvrir le roi et pour maintenir la direction du pays entre les mains des libéraux modérés. Le roi traverse comme un somnambule, jouet inconscient de la fatalité, ces mois tragiques et troublés. C'est lui, c'est le côté droit de l'Assemblée qui ont laissé voter le décret du 16 mai, par lequel les constituants s’excluaient eux-mêmes de la scène politique. Morande blâme cette absurde décision, avec un sentiment prophétique (numéro du 15 août 1701). Il comprend et il devine les résultats futurs de la proposition de Robespierre. Il engage les constituants « à régler la montre, avant de la remettre à ceux qui doivent la porter ». Mais quoi? Faut-il déserter la lutte, quand les plus intéressés à la victoire se fatiguent et s’'abandonnent? Non : cet homme vénal et taré puise en lui-même une énergie indomptable. La monarchie, ou plutôt la caisse du roi, c’est son dieu à lui.

Malgré le prodigieux aveuglement de ses augustes protecteurs, l'ex-Gazetier cuirassé reprend sa plume et il célèbre les vertus de la constitution nouvelle dont l'Assemblée achève la rédaction : « La Constitution est établie aujourd’hui, et, sous peu de jours, la Charte constitutionnelle, présentée à l'acceptation du roi, cimentera les décrets rendus par les repré-