Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE ET LA RÉVOLUTION. 255

sentants du peuple. Ce sera cette Charte qui assurera le bonheur et la gloire de Ia nation et du roi ; elle sera le texte d’après lequel j'écrirai… Je ne séparerai jamais la nation du monarque, ni le monarque de la nation. J'ai pris ces mots pour épigraphe : Audax et vigilans. Je prouverai que je suis l’un et l’autre » (numéro du 7 août). Morande, qui n’a rien pu faire des membres modérés de la Constituante, s’occupe déjà de la composition de la prochaine assemblée et s'efforce d’en écarter les éléments dangereux. Certes, il ne faut pas exagérer le rôle de l'Argus patriote et de son rédacteur en chef, Il n’a pas eu d'influence sur l’ensemble des élections; ce n’est pas une grande voix qui tonne et qui entraîne Les masses, comme naguère celle de Mirabeau. Le journaliste limite son effort aux élections parisiennes, et, entre les candidats à la députation, il en choisit un que la cour redoute plus que les autres et pour lequel il a personnellement une aversion particulière : j'ai nommé Brissot, L'ancien libelliste se sent revivre : ila une réputation à détruire, une idole à jeter dans la boue et des haines à satisfaire. Dès lors, Morande oublie presque le roi, la cour, l’Assemblée, la Constitution, le peuple immense qui bouillonne dans ses profondeurs, tel qu’un volcan à la veille d'une