Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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colossale éruption. Il ne voit plus que l’adversaire à tuer : et il s’élance contre lui, la plume à la main.

Il ne faut pas peut-être juger Brissot avec trop de sévérité !, Certes son origine est modeste. Mais Morande lui-même ne lui impute pas à crime d’avoir eu pour père un brave pàtissier. Il reproche seulement à Brissot d’avoir rougi du nom paternel, et de s'être intitulé Brissot de Warville, par corruption du mot de Ouarville, nom exact d'un village où son père avait du bien. Cette sottise mise à part, Brissot avait eu une jeunesse laborieuse, exempte des hontes qui ont souillé celle de

1. Voici comment s'exprime, au sujet de Brissot, un éminent historien, M. Taine, qui, après avoir mis en relief, dans les Origines de la France contemporaine, les excès révolutionnaires, se réserve sans doute de peindre plus tard les fautes, les conspirations et les basses manœuvres des conseillers de Louis XVI et de Marie-Antoinette : « C’est ce malheureux, né dans une boutique de pâtissier, élevé dans un bureau de procureur, ancien agent de police à 150 fr. par mois, ancien associé des marchands de diffamation et des entrepreneurs de chantage, aventurier de plume, brouillon et touche-à-tout, qui, avec ses demi-renseignements de nomade, ses quarts d'idées de gazetier, son érudition dé cabinet littéraire, son barbouillage de mauvais écrivain, ses déclamations de clubiste, décide des destinées de la France et déchaîne sur l’Europe une guerre qui détruira six millions de vies, » T. III, p. 133, des Origines de la France contemporaine, 1881. ‘