Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE ET LA RÉVOLUTION. 257

Morande. Il a travaillé chez un procureur, à côté de Robespierre, si nous avons bonne mémoire. Îl a vécu de sa plume, comme Diderot, lorsque la chicane l’eut dégoûté. Que ses ouvrages philosophiques et juridiques ne soient pas des chefs-d’œuvre, bien des gens en tomberont d’accord, plutôt que de les lire; toutefois ils portent la trace de cet esprit chimérique, mais, à tout prendre, plein de noblesse et d'élévation qui le poussait, comme il le dit luimême, « à diriger tous ses travaux vers l’émancipation universelle des hommes », Quand il publia sa Bibliothèque philosophique sur les lois criminelles, Servan lui écrivit : « Vous avez réalisé l’un de mes vœux les plus anciens, la réunion de tous les ouvrages qui ont traité de la réforme des lois criminelles. Crions, monsieur, crions tout un siècle; peutêtre à la fin un roi dira : Je crois qu’ils me parlent; peut-être il écoutera, peut-être il réformera. » Pourquoi la cour du malheureux Louis XVI honorait-elle d'une telle haine un écrivain qui, dès ses débuts, avait fait preuve d'incontestables talents? La raison en est simple : d'abord on lui trouvait des « principes extraordinaires », — l'expression est du ministre Breteuil, c’est-à-dire des principes républicains; — puis il s'était enrôlé un moment dans

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