Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

268 THEVENEAU DE MORANDE.

véritables mains travaillaient les poches de leurs voisins. »

Les furieuses invectives de Morande, les placards dont Paris était inondé, grâce à l'activité des agents royalistes, avaient produit sur le corps électoral un certain effet. En somme, les Feuillants avaient obtenu plus de suffrages que les Jacobins. La cour put croire un moment que les chefs du parti républicain échoueraient, mais, du onzième tour de scrutin, Brissot finit par être élu! Il faut voir avec quelle rage Morande annonce dans son numéro du 12 septembre le triomphe final du « vertueux, de l’immaculé, du digne Brissot ». La déception était d'autant plus vive que, pendant les quatre premiers jours, les électeurs parisiens avaient repoussé Brissot par une majorité de 300 voix, en nommant Garaud de Coulon, Pastoret, Cerutti, Lacépède. Morande triomphait déjà. « Ilest plus que probable, écrivait-il, que, de renvoi en renvoi, Brissot sera renvoyé aux calendes grecques. L’honneur de la prochaine législature est attaché à son exclusion et la partie saine du corps électoral est pénétrée de cette vérité. » Aussi, quand Brissot passe enfin, Morande est atterré et perd un moment son magnifique sang-froid. Il explique le succès du Jacobin par les abstentions, et par cette cir-