Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

278 . THEVENEAU DE MORANDE.

à lever la séance. (n° du 28). Voilà les modérés chassés du local où ils se réunissent et déjà impuissants à repousser la force par la force. Quant à l’Assemblée Législative, elle tremble aussi devant les menaces de la rue et des clubs. Son temps se passe à des niaiseries, quand ce n’est pas à écouter, comme le dit Morande, « des dépositions d'ivrognes et des contes à dormir debout ». Des séances entières sont employées à discuter des pétitions comme celles du laboureur de la Dordogne qui avait pour toute fortune un assignat de 5olivres. Les rats l’avaient rongé, sans penser à mal. Alors un député humanitaire s'empare de cet accident lamentable. Il apporte sur le bureau de l’Assemblée les lambeaux de l’assignat et demande qu’on restitue au laboureur de la Dordogne l'équivalent de la somme que les rats ont consommée. La chose fut gravement renvoyée au comité de l’extraordinaire. L'Assemblée n'était plus qu'un théâtre, une sorte de Cirque olympique où soldats et civils défilaient successivement, comme ce jour, — c'était le 15 décembre, — où Pétion présente à la représentation du peuple tous les nouveaux officiers de la garde nationale. Ils traversèrent la salle au nombre de 1,500, en deux colonnes; et l'Assemblée traduisit son enthousiasme par des applaudissements frénétiques, surtout lors-