Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE ET LA RÉVOLUTION. 257

le patriotisme doit arrêter les progrès du mal qui s'y prépare. J'oserai dire aussi (en bravant et les injures et les outrages et les calomnies de tous les instigateurs des désordres, ainsi que tous les insensés et les lâches adulateurs des sociétés perpétuellement révolutionnaires qui se sont arrogé le pouvoir dictatorial) que l’Assemblée Nationale doit prendre le dessus des sociétés qui ont l'audace d’empoisonner l'esprit du peuple. Si le pouvoir exécutif, les gardes nationales, les troupes de ligne et les membres des départements et des districts ne marchent pas courageusement au secours de la Constitution et ne réduisent pas à leur insignifiance les fourbes qui se disent ses amis, ils finiront par entraîner dans l’abîme une nation qui, sans ces sociétés, aurait bientôt repris son rang en Europe. Si les lois ne sont pas respectées et observées, si les gens corrompus conservent leur influence dans les clubs dont ils sont membres, c'en est fait de la nation française.

Ces avertissements ne restaient pas absolument sans écho. On put croire un moment que le club des Feuillants allait faire contrepoids au club des Jacobins. Le ro décembre, l'Argus annonce avec joie que près de 250 membres de l'ancienne Assemblée se sont fait inscrire au Club constitutionnel, et que 500 bons citoyens ont imité leur exemple. Mais, dès le 23 du même mois, une troupe de Jacobins envahit la salle des Feuillants et force le président

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