Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE ET LA RÉVOLUTION. 281

chaque peuple opprimé a le droit incontestable de résister à loppression, les Français n’ont pas celui de leur précher la résistance, puisque cette oppression leur est étrangère. »

A l'intérieur, la situation était assez menacante et assez troublée pour absorber l’attention de l’Assemblée et du Pouvoir exécutif. Au début de l’année 1702, la fermentation croissait d'heure en heure dans la capitale. Des bruits, habilement propagés par Carra, Gorsas, Brissot, Prud'homme, circulaient. On disait que le roi faisait vendre la vaisselle des Tuileries et les bijoux de la couronne, en vue d’une nouvelle tentative de fuite; que les hôtels des ci-devant nobles étaient métamorphosés en casernes, et que le château royal était bondé de chevaliers de Saint-Louis armés jusqu'aux dents. Les calomnies et les dénonciations pleuvent contre les ministres avec un redoublement de rage. Dans la rue les attroupements se multiplient, sous prétexte que le pain est trop cher. Une foule exaltée jusqu’à la fureur veut piller les boutiques et les magasins des marchands de suére et de denrées coloniales. Le plus menacé parmi ces commerçants inoffensifs est M. d'André, l’ancien membre de l’Assemblée Nationale, qui demeurait rue de la Verrerie. « Des scélérats, écrit Morande le 29 janvier, ont dit qu'il leur

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