Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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lui demande plus d'actes! Quant aux discours, aux manifestes, aux lettres, il en aurait à revendre. « Depuis quinze jours, écrit Morande le 6 mars, M. Pétion s'est vu obligé de doubler les travaux de sa place. Si cela continue, il lui faudra bientôt une demi-douzaine de secrétaires de plus. Il a écrit aux membres du directoire du département : il a écrit par le même canal au ministre de la guerre. Il fait des discours à la Ville, il en fait à la barre de l’Assemblée Nationale, il en fait aux Jacobins ; il écrit au Journal de Paris. On peut dire que jamais magistrat ne s'est donné tant de besogne et ne l'a si bien faite. Tous les écrits de M. Pétion sont des morceaux d'éloquence achevée; et ce qu'il ya de plus admirable, c'est qu'il n'y a pas une ligne qui ne soit faite avec une aménité qui enchante ses lecteurs. »

Ainsi le sceptique Argus raille la phraséologie déclamatoire du maire de Paris et son inertie en face des hommes de désordre. Mais ce qui est plus extraordinaire, c’est la vertueuse horreur de Morande pour le déchaînement de la presse et de la littérature anonyme, pour le scandale de certaines représentations théâtrales et les divertissements malsains qu'offraient au public de la capitale les boutiques du PalaisRoyal. Lui, le libelliste sans scrupules, le dif-