Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle
MORANDE ET LA RÉVOLUTION. 285
famateur éhonté, il demande à la municipalité « qu’elle tienne la main à ce que les écrits que Pon publie portent le nom de lauteur ou de limprimeur, et qu'aucun placard ne soit affiché sans ce passeport ». Lui, l'ancien joueur, l'ancien libertin que ses fredaines avaient conduit au Fort-l'Évéque, puis forcé à s'expatrier, il s'indigne maintenant contre « la licence de la capitale, il blâme la liberté des théâtres ». « On pensera peut-être, écrit le saint homme, qu'à cet égard les principes de la liberté auront été poussés trop loin, et qu'en multipliant trop les théâtres, on s’écarte des principes de la régénération des mœurs, qui sont tout aussi nécessaires que les lois à une nation libre. » Les plaisirs faciles du Palais-Royal lui inspirent une tirade indignée que n’eût pas renié la chaire chrétienne : « Il vient de s’ouvrir dans ce moment-ci un nouveau théâtre qui réunit tous les genres de corruption et qui se trouve placé au milieu du cloaque de tous les vices : c’est du Cirque du Palais-Royal que j'entends parler. Ce n'était pas assez que le jardin fût entouré de deux cents boutiques surmontées de quatre étages chacune, où l'on trouve à la fois, dans la même maison, des bureaux d’escroquerie, des clubs de jeux, des cavernes de voleurs, des mauvais lieux, L'on a voulu renchérir sur ces