Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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rande se laisse envahir par le découragement. En février 1792, il abandonne son journal à un sous-ordre qu'il avait prié de «se restreindre à l'historique simple des évènements qui se sont passés pendant son absence ! ». Il retourne à Arnay-le-Duc auprès de sa mère malade et semble avoir songé dès lors à déserter la politique et ses dangers. De retour à Paris, il raconte en ces termes les sentiments contraires qui l'ont envahi : « Si je faisais plus de cas de ma tranquillité que je n’ai d’ardeur pour le bien de mon pays, j'aurais pu me dispenser de rentrer dans le tourbillon dans lequel je me suis replongé. Je n’ai voulu que remplir un devoir sacré en allant voir ma mère dangereusement malade, à laquelle je devais bien l'hommage que j'ai été lui rendre. Je l’ai vue, je l’ai pressée sur mon cœur, elle m’a serré dans ses bras, et, quoique je ne me sois éloigné d'elle qu'avec douleur... quoique j'aie quitté avec bien du regret le sol qui m'a vu naître... j'ai résisté au penchant qui m'entraînait. J'ai embrassé des parents que j'aime, des amis qui m'ont comblé de marques d’attachement; je

1. Les numéros 66, 67, 68, 6a ont été imprimés en l'absence de Morande. De là beaucoup de fautes typographiques dont il crut devoir, à son retour, s’excuser auprès des lecteurs.