Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE ET LA RÉVOLUTION. 291

me suis arraché de leur société et suis venu reprendre ma tâche pour dévouer tout mon temps à ma patrie. » Etilannonce qu'il ne restera pas neutre entre les patriotes et les ennemis de la Constitution; qu’il veut encore « concourir à écraser les partis pour maintenir les pouvoirs légitimes, démasquer les intrigans et les dénoncer à la nation ».

Comme pour marquer sa rentrée dans la polémique des partis, il s’en prend d’abord à Camille Desmoulins, qui venait de publier une brochure contre Brissot ‘. Mais Morande la trouvait trop modérée, et, de plus, il reprochait à Camille d’avoir parlé de l’ex-Gazetier cuirassé

1. Il s’agit ici du pamphlet intitulé Brissot démasqué. Camille avait été attaqué par le Patriote français, journal de Brissot, sous prétexte que, dans une consultation donnée à un sieur Dithurbide que le tribunal de police correctionnelle avait envoyé à Bicêtre en vertu de la loi sur les maisons de jeu, C. Desmoulins s'était constitué l’apologiste des jeux de hasard. Le signataire de l’article du Patriote était Girey-Dupré, le futur Girondin; mais l’irascible Camille s’en prit au rédacteur en chef. « Le maître est responsable des délits du domestique, lit-on dans le Brissot démasqué… Il est commode à un journaliste de prendre ainsi M. Girey en croupe pour couvrir son dos. Mais je saute à la bride, parce que c’est vous qui la tenez et qui m'avez lâché cette ruade. » Camille insistait principalement sur les idées politiques de Brissot, et pas assez sur les imputations dirigées contre sa probité. Morande avait été moins généreux.