Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE ET LA RÉVOLUTION. 203

dération pour Morande lui-même. « Comment ce Camille de la petite espèce, réplique le rédacteur de l'Argus, s'est-il avisé de me préter un soliloque qu'il dit plaisant et qui est aussi sot que son ouvrage ? Je me permettrai de lui rembourser cetteavance, en observant qu’à son ordinaire il a oublié d'être vrai, comme il oublia d’être brave, le jour qu'un homme impoli lui appliqua un si violent soufflet au Palais-Royal, qu’il lui imprima quatre doigts sur la joue droite et, de son pouce, le fit saigner du nez en abondance. Voyez les mémoires de Camille Desmoulins écrits par lui-même. »

Après avoir ainsi tancé Pimprudent Camille, Morande revient à des questions plus générales et, résumant les lamentables nouvelles qui arrivent de la province, affiche de nouveau sa profession de foi politique. Il n’est pas de ceux qu’il appelle les Orestes, de ces aveugles qui veulent ramener le pays en decà de 1789 et rêvent la restauration du pouvoir absolu. La stricte observation de la Constitution, la lutte contre « les exagérés dans tous les sens », voilà tout son programme. Même en présence des déchaînements révolutionnaires, il repousse nettement le retour à l’ancien régime : « L’insurrection de Noyon, celles d'Étampes et de Montlhéry, écrit-il le 15 mars, celles qui ont

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