Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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avec trop de légèreté !. A en croire l'Argus, la brochure contre Brissot « annonce bien peu d'énergie et bien peu de moyens pour le combattre ». Dire d’un homme qu'il a été l’ami de la Fayette, ce n’est pas là de quoi le discréditer ?. Morande avait, il est vrai, beaucoup plus d'imagination lorsqu'il s'agissait de mettre en cause Brissot, Mais le crime irrémédiable de Camille, c'est d’avoir montré peu de consi-

1. Voici le passage de Brissot démasqué qui concerne Morande : « Je ne vous citerai point non plus Morande, avec qui votre procès criminel reste toujours pendant et indécis, et qui va disant partout assez plaisamment à qui veut l'entendre : Je conviens que je ne suis pas un honnête homme; mais ce qui m'indigne, c’est de voir Brissot se donner pour un saint, et Ambroise de Lamela, devenu le frère Antoine, méconnoître son frère d'armes, et ne plus se souvenir de la caverne et de dame Léonarde. »

2. C’est notamment dans la Tribune des patriotes (journal publié en mai 1792 et qui n’eut que quatre numéros) que Camille attribue à la Fayette des visées ambitieuses et une profondeur de machiavélisme aui offrent peu de vraisemblance. Il le compare à Cromwell, tout en ajoutant qu’il peut devenir un Monk, selon les circonstances. Il l’appelle le Warwick des ministres qui ne font la guerre que pour élever leur protecteur à la dictature. D'après le journaliste, la Fayette trompe tous les partis. Il n’a jamais regardé de quelle opinion on était, pourvu qu’on fût de ses partisans. Et Camille conclut ainsi : « Le ciel nous préserve de la république de la Fayette! Ce mot république, que Cromwell avait continuellement à la bouche, ne m'en impose plus. »