Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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perdre la confiance : on ne parle plus que de trahison. Quant à la discipline, il n’en est plus question. » Le maréchal, dans une autre lettre, datée du 29 avril, se plaint aussi des ministres et notamment du ministre des affaires étrangères « qui veulent jouer toutes les pièces de l'échiquier » où les généraux ne sont plus que des pièces passives. Malgré les instances du ministère et de l'Assemblée, Rochambeau maintint sa démission et Luckner dut le remplacer, à son corps défendant. Morande retrace dans son journal toutes ces misères et réclame énergiquement des mesures décisives pour rétablir la discipline. L'Assemblée se contenta d’envoyer à l'armée française une adresse, décrétée le 8 mai. Elle exhorte les troupes à traiter généreusement les prisonniers. « Ces hommes que nous combattons aujourd'hui sont nos frères; demain peut-être ils seront nos amis. » L'adresse rappelle ensuite à l’armée française qu'elle combat non plus pour satisfaire le caprice d’un roi, mais pour le salut de la nation. « Aujourd'hui, c’est vous-mêmes, ce sont vos enfants, ce sont vos droits que vous défendez; il faut vaincre ou retourner sous l'empire de la gabelle, des aides, dela taille, de la dîime, des corvées, des privilèges féodaux, de la honteuse milice, des emprison-nements arbitraires, de tous les genres d’im-