Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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chantage. Il adressait à tous les personnages illustres du temps, à Voltaire entre autres, un aperçu des calomnies ou des médisances éhontées qu’ilse proposait de publier sur leurcompte et ajoutait que, moyennant certaine somme, il se ferait un devoir de donner un autre cours à sa verve. Ces manœuvres n'étaient pas sans offrir quelques dangers. Bachaumont et Manuel racontent la mésaventure que Morande s'attira, en essayant d'amener à composition le comte de Lauraguais. Le pamphlétaire avait eu l'imprudence, pour donner au public un avant-goût du libelle qu'il préparait sur ou plutôt contre ce seigneur, de faire insérer dans les feuilles du temps une pièce de vers calomnieuse. Lauraguais, qui n'était pas d'humeur endurante, cita Morande devant la juridiction du banc de la reine, et le malheureux libelliste, pour éviter d’être mis au carcan et transporté, dut faire l'amende honorable la plus humiliante ‘. On peut en trouver le texte dans la

1. Morande, dans sa Réplique à Brissot, explique à sa manière l’histoire de sa querelle avec le comte de Lauraguais :

« Dans le mémoire intitulé : Mémoirepour moi, par moi, Louis de Brancas, comte de Lauraguais, il se trouve dans l’épître dédicatoire adressée à M. de Brancas son père un passage qui me fit imprimer une réponse. Des vers furent insérés aussi contre moi parun homme