Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

46 THEVENEAU DE MORANDE.

renseignements de Beaumarchaïs en personne. Quant à la pension de 4,000 livres, d'autres disent 4,800 francs, c'était un contrat de rente bien authentique. Tous les exemplaires de la biographie de M"° Du Barry furent brûlés dans un four à briques, aux environs de Londres; on n’épargna qu’un seul exemplaire. Les feuilles furent coupées en deux moitiés : Beaumarchais garda l'une et Morande l’autre. Si l'ouvrage reparaissait, le contrat serait frappé de nullité. Tel fut l'étrange marché que passa Beaumarchais !. Le duc d’Aguillon aurait bien

1. À côté de la version de Manuel, il est équitable de placer la version donnée par Theveneau de Morande lui-même dans sa Réplique à Brissot. Paris, 1701, page 20.

« Mile d’Éon sait comment je fis les mémoires secrets de Mme du Barry que le Manuel de la Police appelle un libelle effroyable, et pour lequel il dit que j'ai été soudoyé par des personnes considérables. Ç’a été tout uniment, il. faut dire la franche vérité lorsqu'on se confesse en public, le dépit de me voir expatrié qui me fitimprimer cet ouvrage. Mlle d’Éon peut mieux que personne rendre compte de la résistance que j’opposai aux efforts que l’on fit dans les derniers momens pour m’engager à supprimer ces mémoires. M. de Lormois, qui était en Angleterre à cette époque, avait été chargé aussi de travailler à cette suppression. Je refusai ses offres et je lui fis même l’injustice de croire qu’il avait des liaisons avec un nommé Bérenger qui fut envoyé exprès pour me faire tomber dansun piège. Il était accompagné par des suppôts de police que je