Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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que Beaumarchais auraitdû donnerà LouisXV, lorsqu'il s'agissait de défendre M“ Du Barry contre la plume de Morande : « La recherche des libelles est plus capable de faire naître l’idée du mal que de les prévenir; cela donne de l'activité à des malheureux qui, si on ne paraissoit pas s'occuper de leurexistence, croupiroient dans l'ignominie, sans qu’on entendiît parler d’eux. Le papetier et l'imprimeur d’un libelliste suffiroient presque pour le punir du projet de faire un libelle, s’il n’est pas bien fait, ce qui est le plus ordinaire... Malgré toutes les menaces des sommateurs, je suis très assuré qu’un mépris soutenu mettra fin à tous les projets de ceux qui ont faim... [l ya d’ailleurs des moyens de les embarrasser dans des filets sans se compromettre en aucune manière, ni sans leur faire croire que l'on s'occupe d'eux. » Et, joignant l’exemple au précepte, Morande racontait au ministre comment il avait suscité au libelliste Chamorand une affaire combinée de manière à l’intimider, si bien que la victime de ce petit complot ne s'en était tirée qu’en brûlant toute une collection de pamphlets. Bien que Vergennes ait dû faire des réflexions peu agréables, en songeant que le Gazetier cuirassé, pour s’être fait une idée exacte de la naïveté du gouvernement royal, avait, d’un seul coup

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