Trois amies de Chateaubriand

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ral de l Europet». Un autre général détesta l'intempérance de ce langage. Chez Juliette, on entourait Moreau; les étrangers briguaient Phonneur de lui être présentés; on faisait à ce héros de l'opposition un triomphe d’hommages et de conseils ambitieux. Bref, Juliette fut officiellement invitée à suspendre ses réunions. Et l’on parla beaucoup de la disgräce nette que venait d’encourir la beaut* illustre de la Chaussée-d’Antin?.

Du reste, malgré le vif éclat de ses réceptions, malgré sa grâce ravissante et He son luxe, la femme du banquier magnifique n’avait pas réussi à conquérir absolument la faveur mondaine. Même après la Révolution et son rude effort égalitaire, la finance et le monde n’allaient point ensemble; peutêtre, à cause des facilités, les classes furent-elles plus

résolument séparées que jadis, où elles ne étaient

pas beaucoup : mais alors, la véritable société protesta contre l'invasion de la richesse. Juliette dut en souffrir. Elle fit de son mieux, la pauvre petite, pour recevoir les gens de l'ancienne cour. Ils lui furent parfois impitoyables; ambitieuse, elle ne sourcillait pas de leur impertinence, mais elle la

_sentit péniblement. Un certain marquis de Chauve-

lin, qui d’ailleurs s'était très bien rallié à Bonaparte, allait chez elle et, ensuite, la traitait avec

4. Relations secrètes des agents de Louis XVIII, p. 264 (28 février 1803).

9.. Relations secrètes des agents de Louis XVIII, p. 249 (8 février 1803).