Trois amies de Chateaubriand

MADAME RÉCAMIER 133

gaillardise, € comme il aurait fait jadis d’une grisette épousée par un fermier général ». Il disait : « Cela vaut bien nos femmes entretenues de l’ancien régime! » Et puis, comme courait un conte assez ridicule, Juliette en fut informée. Elle s’en plaignit à « l’un de nos jeunes marquis » : —« Cela est affreux! Ce bruit va être répandu partout. Que dira-t-on de moi dans le monde? » Le jeune marquis : « Tranquillisez-vous, madame Récamier, il est un monde, au faubourg Saint-Germain, qui ne s’informe pas seulement si vous existezl…. »

L'année 1803 se termina pourtant par un succès, mais de qualité financière. On peut croire que Récamier fut un fort habile homme et, par de sages intrioues, répara le dommage qu’avaient causé les imprudences de Juliette. Les banqueroutes se multipliaient. Et l’on disait que le Premier Consul n’était pas étranger à toutes ces débâcles; les fortunes que les financiers avaient réalisées pouvaient, quelque jour, soutenir une conspiration : et elles l’inquiétaient. De sorte qu’il s’occupa de leurs ennuis, probablement. Mais il excepta de sa défaveur trois maisons et, parmi elles, la maison Récamier?.

Tout de même, Juliette n'avait pas subi sans émoi les tribulations des mois derniers. A l'automne, elle se sentit lasse de Paris, l'abandonna et alla

1. Relations secrètes des agents de Louis XVIII, p. 408 (4° octobre 1803).

2. Relations secrètes des agents de Louis XVIII, p. 417 (8 oc« tobre 1803).

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